La non surprise

Une surprise qui n'en est plus une depuis longtemps! Une simple clarification: le dernier conseil municipal a permis à Stéphane Bertin d'annoncer qu'une partie de son groupe quittait officiellement la majorité.

Ce n'était pas une surprise tellement c'était évident que l'APVV (en tout cas une partie de l'APVV) préparait son départ, multipliant les interventions / points de facture. Et avant le CM on avait eu le droit à un article dans le Progrès, une annonce sur le site officiel du groupe, relayé sur le groupe officieux. Autant dire que l'annonce officielle en conseil est tout sauf surprenante, y compris sur le fond, car l'explication donnée est qu'il n'y a plus de dialogue et la maire a été plusieurs fois condamnée pour sa gestion (vision un peu raccourcie: sur la perte de la fonction d'adjoint par le couple Bertin par exemple, le juge pointe un manque d'information en amont sur la forme mais estime sur le fond qu'il n'y a pas de préjudice donc donne raison sur le fond à la maire). Les raisons politiques au départ, par contre, on les attend.

Cela permet la double réponse de la maire Hélène Geoffroy et du président du groupe PS Stéphane Gomez, dans une répartition des rôles habituelles chez eux maintenant. S. Gomez commence en pointant la forme: quand on se plaint du manque de dialogue, on commence par être présent aux réunions et on en parle avec les élus plutôt que de faire des annonces dans la presse; l''absence de dialogue n'est donc pas là où on le pense... Puis la maire enfonce le clou sur le fond: quelles sont les raisons politiques de rupture, en quoi les élus de l'APVV qui partent ne sont pas en accord, les écoles lancées, les constructions limitées,... C'est facile, mais forcément efficace: elle s'engouffre dans le trou créé par l'intervention de S. Bertin.

Une réponse d'autant plus évidente qu'on s'interroge quand même sur le tempo: la rupture est consommée depuis longtemps, mais pourquoi maintenant?! A 2 mois du vote du dernier budget du mandat, il aurait semblé plus tactique et médiatique de le faire là, de voter "contre" en disant qu'ils ne se retrouvaient plus de les orientations politiques de ce budget. Là du coup, on ne comprend pas les raisons de fond, ce que souligne à plusieurs reprises la maire Hélène Geoffroy: sur le fond politique, sur quoi l'APVV (ou ce qui en reste) part?!

Ce qui en reste car ce départ avec fracas est aussi sans trop de perte pour la majorité: alors que Stéphane Bertin dans la presse puis en conseil annonce que c'est bien tout le groupe APVV qui part, il est contredit par Matthieu Fischer qui prend la parole pour dire que lui il reste! Et la scène est incroyable: alors que M. Fischer prend le micro, Stéphane Bertin lui arrache pour lancer (au micro) un fracassant "parle bien dans le micro pour dire que tu trahis"! Ambiance! Surtout qu'il récidive quelques minutes plus tard en "révélant" que lorsqu'elle a "trahi" Virginie Compte lui aurait annoncé que Matthieu Fischer serait le suivant à "trahir"... Ambiance, ambiance. C'est très violent et on se demande l'intérêt de telles attaques personnelles, à part peut-être resserrer ce qui reste des troupes derrière lui et faire oublier qu'arrivés à 6 élus dont 3 adjoints, ce qui reste du groupe APVV part dans l'opposition plus qu'à 3 (pour ne pas dire 2 puisque 5 minutes après Marie-Emmanuelle Syre quitte le conseil, laissant plus que le couple Bertin mener la fronde...). Car paradoxalement la maire sort mathématiquement renforcée: elle avait 4 fois pas sûres dans sa majorité, elle en perd 3 mais en gagne désormais une sûre! Et l'APVV bascule à 3 au lieu de 6: visiblement Stéphane Bertin n'ont plus n'est pas très bon pour le dialogue interne...

Et à part sur le site officieux du couple Bertin (où ça tape à tout va sur tout le monde depuis quelques temps, si on s'interroge encore sur le fait que le coup n'est pas spontané mais préparé depuis quelque temps), ça buzze peu: le Progrès qui avait accordé une petite tribune la veille du conseil le répercute dans ses pages locales en compte-rendu du conseil; France 3 est appelé à la rescousse mais là encore le couple Bertin se contente de dire que leur départ est parce que Hélène Geoffroy est très méchante et ne dialogue pas (il leur a fallu 5 ans pour s'en rendre compte?!) ce qui permet à Stéphane Gomez (PS) de répondre dans le même reportage qu'il n'y a pas de raison de fond au départ, juste que les élections de 2020 ont commencé... Au moins les arguments sont clairs dans les 2 camps!

L'autre effet du choix de ce conseil pour officialiser la rupture, c'est la disparition de l'annonce de la création d'un nouveau groupe, "Choisir Vaulx-en-Velin" avec Jean-Michel Didion, Mourad Ben Driss (ex apparentés PRG) et Eliane Da Costa (ex PS). Quand Jean-Michel Didion prend enfin la parole pour expliquer sa démarche, à travers une intervention improvisée, les esprits sont déjà ailleurs. Et comme il ne donne pas de raisons de fond, évoquant seulement qu'il a relancé une nouvelle procédure contre sa collègue adjointe Nadia Lakehal (PS), on n'arrive pas à comprendre le sens de ce nouveau groupe. Les différentes interventions ou les différents votes durant ce conseil n'aident pas à lever l'incompréhension, la palme revenant à Mourad Ben Driss (celui que le site officieux des Bertin dénonçait comme un absentéiste et qui maintenant est requalifié "d'homme à la parole libre": les inimitiés et les amitiés fluctuent beaucoup en politique...) qui fantasme sur les morts que l'arrêt du chantier Beauverie a peut-être permis d'éviter (sic) ou demande le fichage ethnique (re-sic) ce qui lui vaut une fin de non-recevoir sèche de la maire Hélène Geoffroy, toujours sensible sur ces sujets. Éliane Da Costa fait pas mal non plus, l'adjointe à l'handicap votant contre une délibération pour aider une personne en grave souffrance psy donc de facto en situation de handicap... Bref, à part le conflit Didion - Lakehal, le sens de ce nouveau groupe reste confus, et le tempo avec l'annonce de la rupture par l'APVV fait en plus que cela passe inaperçu...

Après ce début tonitruant, le reste allait être du même acabit. Tout le monde intervient sur tout, au point que ça s'allonge, ça s'allonge, fatiguant... les mêmes conseillers qui interviennent sur tout! La palme revient à Stéphane Bertin qui intervient 6 minutes pour demander aux conseilleurs municipaux de limiter leurs interventions, puis 7 minutes sur les zones à faible émission de CO2 pour conclure que cela... ne sert à rien (à part bien sûr tacler son ex-ami Matthieu Fischer!). Celle qui en profite c'est bien sûr Hélène Geoffroy: à chaque fois elle rappelle que les mêmes qui se plaignent de la longueur des échanges sont ceux qui lui avaient reproché de vouloir mettre en place des temps de parole, et de demander du coup mutine si les opposants veulent maintenant la remise en place du dispositif qu'ils ont tant décrié?...

Après tout ce spectacle, reste bien sûr quelques délibérations de fond, sur lesquels on reviendra dans le prochain post.