Ecole polluée, enfants en danger? La maire contre-attaque!

C'est le bruit qui court, allègrement entretenu par le PCF et l'APVV: l'école du Sud, sur les anciennes carrières Gimenez est sur un site pollué donc dangereux pour les élèves. Depuis la rentrée, de tracts en articles sur les blogs, c'est le sujet de polémique. Et comme à chaque fois dans ces cas là, la maire Hélène Geoffroy (PS) se fait adepte de Clémenceau: la meilleure défense, c'est l'attaque. Et comme Carl von Clausewitz, elle pense qu'il faut choisir le lieu et le moment.

Interpellée plusieurs fois en conseil municipal, elle avait déjà rodé ses arguments, relayés par sa garde rapprochée (Muriel Lecerf, Stéphane Gomez, Pierre Dussurgey), façon escarmouches. Le dernier conseil municipal a été l'occasion de l'affrontement direct: à peine sortie de la polémique sur l'école Beauverie, elle fait voter les appels d'offre pour lancer la nouvelle école du sud; message clair: au plus fort de la bourrasque, elle n'a pas l'intention de reculer, elle tiendra sa promesse et donc fera l'école.

L'opposition attaque frontalement, avec les mêmes arguments du PCF à LR: le terrain est pollué, c'est donc dangereux pour les enfants; pourquoi avoir acheté un terrain pollué, pourquoi c'est la ville qui doit dépolluer. Au passage, il y a contradiction, entre ceux qui disent qu'il y a danger car pollution et ceux (qui peuvent être les mêmes à un autre moment de leur intervention) qui disent que le problème est que se soit la ville qui doive payer la dépollution. Stéphane Bertin, Philippe Moine, Philippe Zittoun, Nordine Gasmi, Saïd Yahiaoui y vont tous de leur attaque, Christine Bertin demandant même qu'on arrête tous les projets d'école (c'est sûr que ce n'est pas comme si il n'y en avait pas besoin!).

Le 1er niveau de réponse, soft, vient de Pierre Dussurgey (PS) et Kaoutar Dahoum (PRG): la ville a besoin d'écoles, la majorité tient ses promesses et permet aux jeunes Vaudais d'être scolarisés dans les meilleures conditions possibles. Il faut rassurer les parents. 2ème niveau de réponse, c'est Stéphane Gomez (PS) qui monte au créneau, pour commencer à taper sur les oppositions. A l'ex- majorité (PCF et VC) il rappelle, délibération de l'époque à l'appui (pour créer le PUP Gimenez), qu'elle savait que le terrain était pollué et que ça ne la gênait pas à l'époque; à l'APVV, il dit qu'il faut être précis, dire quelles écoles ils ne veulent pas faire, que les parents soient mis au courant; à tous il reproche de vouloir créer l'inquiétude pour des raisons électoralistes.

En conclusion, la maire se garde bien sûr le morceau de choix, dire sur tout ce qui bouge. Elle reprend le dossier sur le fond, et d'abord sur les effectifs scolaires qui explosent (images à l'appui), pointant elle aussi l'ancienne majorité qui n'a rien fait, rien prévu. Elle reprend aussi sur la pollution: oui le terrain est pollué, c'était connu au moment de l'achat et donc prévu, y compris donc le coût de la dépollution. Le vrai sujet est donc de savoir si la dépollution est efficace ou pas et oui pour elle elle l'est, il n'y a pas de doute. Elle rappelle qu'en début de mandat elle a bloqué 2 ans le chantier de crèche accepté par l'ancien exécutif, tant qu'elle n'avait pas de certitude qu'il n'y ait pas de danger pour les enfant. Boom pour le PCF, UVI et VC. Et pour être sûre d'enfoncer le clou elle site... Stéphane Bertin, qui en conseil municipal disait il y a quelques mois que l'école était nécessaire, que la dépollution était bien prévue, que les enfants n'étaient pas en danger! Stéphane Bertin reste sans voix, trouvant seulement à dire qu'il a été abusé à l'époque (finissant de se flinguer: qui veut comme futur maire quelqu'un qui peut ainsi se faire abuser?). Et boom pour ses anciens alliés de l'APVV.

Après le conseil, le grand moment de cette "opération reconquête" a été (aurait du être?) la réunion publique dans la mairie annexe refaite, vendredi 30 au soir. Relativement peu de monde: des opposants politiques, des personnes âgées du quartier, des parents (ou futurs parents) d'élèves, venus écouter la bonne parole municipale et surtout les experts. Car la maire a décidé de prendre ses opposants par en haut: spécialistes des TPE, d'une agence d'étude et de la DREAL, architecte, tout le monde y passe pour expliquer que "oui le terrain est pollué" mais "tous les terrains de France sont pollués" donc "l'important c'est le plan de gestion" or "celui de la ville ne pose pas de problème". C'est le discours que martèle la maire depuis le début, mais là ce sont des experts extérieurs à la ville qui le disent, le répètent et le martèlent.

Ca ne peut pas convaincre les opposants farouches, mais ça fragilise leurs arguments et donc leurs attaques. La prime revient à Sacha Forca (CPNT - opposition de droite) quand il interpelle une spécialiste du bureau d'étude qui n'a pas cité un des polluants: elle lui répond qu'elle ne l'a pas donné car il n'est pas volatile donc pas dangereux pour les futurs élèves, avant qu'Hélène Geoffroy puisse dire à l'assistance que si M. Forca sait qu'il y a ce polluant c'est qu'elle en a donné la liste dans la délibération (sous-entendu: moi je n'ai rien à cacher, tout ce que peut faire l'opposition c'est de parler grâce aux éléments que j'ai rendu public).

Surtout que la salle semble basculer derrière la maire, quand une femme dit que sa fille est allée au lycée sur un ancien site de la carrière est malade, un homme qu'effectivement le polluant cité par M. Forca n'est pas volatile donc pas dangereux,... avant que tout le monde passe aux question sur l'organisation de l'école, les salles, les périmètres scolaires, l'isolation,... Bref, les gens finalement parlent de l'école, du fond, et pas de la pollution. Pour les présents (peu nombreux) finalement ce n'est plus / plus le sujet...

La maire a visiblement gagné cette manche, avec des gens rassurés et qui parlent du fond du sujet. Mais le sujet de la santé de ses enfants est bien sûr sensible, et cette bataille gagnée ne met probablement pas fin à la guerre...