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Le Petit Vaudais

Un tramway sinon rien

20 Mai 2018 , Rédigé par Le Petit Vaudais

L'exercice des tribunes politiques est un exercice souvent fastidieux: la majorité va dire à quel point ce qu'elle fait est génial; les oppositions vont dire à quel point ce que fait la majorité est horrible, qu'elles auraient fait mieux si elles étaient majoritairee,... tout en faisant attention à ne pas taper trop sur des services ou des associations que des habitants pourraient utiliser et donc apprécier (histoire de ne pas perdre leur voix pour la prochaine élection).
 
A toute règle ses exceptions: on a les absentéistes de la tribune, c'est généralement le cas dans les oppositions; à Vaulx, c'est devenu la règle pour le groupe Gauche Citoyenne (PCF + UVI) qui n'en a rendu que quelques unes en début de mandat puis plus rien depuis 3 ans. Il y a la tribune qui dézingue tout ce qui passe: ça a parfois été le cas à droite avec Vaulx C'est Vous (LR + CPNT + divers droite) sur les impôts, la sécurité ou le nombre d'agents, et à l'extrême gauche avec Vaulx Citoyen (ex-GC devenus divers extrême-gauche) sur le compte administratif ou le malaise des agents. Sur le précédent mandat, on avait aussi les spécialistes de l'analyse nationale ou internationale (PCF et surtout LO) qui nous parlaient de tout sauf de Vaulx.
 
A cette organisation un peu figée, proche du jeu de rôle, une tribune dans le dernier Vaulx le Journal échappe un peu à la règle. L'APVV nous y explique comment grâce à la députée Anissa Khedher (LREM) et surtout au couple Bertin la ville va (enfin) obtenir le tramway: on a un mélange de tout et des genres, qui ne manque pas d'interroger et surtout d'amuser.
 
Depuis le début du mandat, l'APVV a eu une position à part dans la majorité à laquelle il prétend toujours appartenir. Côté défense, il s'agissait d'avoir une position critique en interne et en public, quitte à jouer une autre participation, en interne et surtout en public. Côté accusation, c'est un manque permanent de loyauté pour préparer dès 2014 les élections de 2020, en savonnant la planche s'il le faut. La tension est allée en augmentant, jusqu'à la déchéance du couple Bertin, qui en février 2016 se voient retirer les fonctions d'adjoints (le couple avait 2 des 3 mandats d'adjoints du groupe). La situation s'était encore tendue quand 2 élus du groupe APVV (dont un adjoint) le quittaient pour s'apparenter au groupe PS, changeant nettement les équilibres internes de la majorité, avec un PS presqu'autant suffisant et un APVV ramené à la portion congrue.
 
Depuis, c'est la guerre froide permanente: tout est sujet à oppositions plus ou moins ouvertes, démarcations, sous-entendus publics, missiles en privés et réponses à peine correcte dans la forme en conseil. En conseil municipal, on a même vu Philippe Moine (opposition de droite) annoncer les éléments de l' intervention de Stéphane Bertin (majorité, donc, enfin... normalement), démontrant publiquement qu'ils s'étaient coordonnés! Le point de rupture, c'est le vote contre le PLU-H à l'automne 2017, donc contre un texte majeur d'orientation de la majorité: l'APVV affichait alors publiquement ne pas partager les orientations politiques du PS et du PRG!
 
C'est ce contexte qui rend amusant toute l'énergie du couple Bertin pour montrer qu'ils suivent le dossier du tramway.
 
Le tramway a été un des points de friction: en conseil municipal donc en public, Stéphane Bertin a plusieurs fois douté de la capacité de la ville (comprendre: de la maire Hélène Geoffroy) à obtenir le tramway mainte fois promis. C'est aussi un enjeu fort du mandat: implicitement, Hélène Geoffroy a plusieurs fois sous entendu que son mandat se jugerait sur sa capacité à obtenir ou pas ce mandat (40 ans après que les communistes aient promis le métro!).
 
Ces derniers temps pourtant, malgré les doutes émis, on a vu les Bertin vouloir s'emparer du sujet. On a vu Stéphane Bertin taper aux portes pour faire signer une pétition pour le tramway (ça rappelle la vieille technique PCF au pouvoir qui pourtant allait faire signer des pétitions sur les dossiers municipaux!). Puis sur les réseaux sociaux on voit le couple en photo avec la députée Anissa Khedher pour présenter une réunion de travail sur le sujet, où on voit monsieur et madame montrer à la députée LREM ce que pourrait être le trajet. Et dans la dernière tribune du journal municipal le groupe signe une tribune dans lequel on ne parle encore et toujours que du couple et de cette fameuse rencontre.
 
Non seulement l'APVV / les Bertin semblent vouloir se saisir d'un sujet sur lequel ils ont émis beaucoup de réserves, mais ils le font en plus de la plus surprenante manière. Surprenant de faire signer une pétition quand on est dans la majorité. Surprenant d'utiliser une permanence de la députée (donc normalement réservée aux Vaudais pour évoquer leurs différents problèmes) pour le faire, en pleine mairie (normalement réservée pour autre chose que des réunions très politisées). Surprenant d'avoir recours à la députée (était-elle seulement au courant pu a-t-elle été mis devant le fait accompli?) car elle n'a aucun rapport avec le sujet. Surprenant de signer une tribune à 4 pour ce qui a été un petit coup à 2 qui ne met que ces 2 en avant.
 
Surprenant surtout car si la ville obtient (enfin) son tramway au nord, nul doute que c'est Hélène Geoffroy qu'on verra en photo, Hélène Geoffroy qui sera mise en avant dans la presse (et pas seulement municipale), Hélène Geoffroy qu'on félicitera,... Il y avait un sens tactique à mettre en doute la capacité de la ville à l'obtenir: c'était préparer la communication de l'échec, sur l'air de "on vous l'avait bien dit". On comprend mal l'intérêt aussi maladroitement de vouloir reprendre le tramway en route, car tout le monde disparaîtra derrière la maire s'il est obtenu, et par contre ils sont désormais mouillés s'il n'est pas obtenu.
 
Du coup, celle qui doit être ravie de cette rocambole, c'est bien sûr Hélène Geoffroy: en cas d'échec, ils sont mouillés, en cas de succès ils seront invisibles derrière elle. Et surtout, après beaucoup de critiques publiques, ils donnent l'impression de courir après le victoire, comme si désormais l'obtention du tramway au nord était assurée, le tramway entre en gare!
 
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